Quand la solidarité agit mais que l’urgence persiste
publié le 29/04/2025
C’est à l’occasion d’un échange chaleureux avec Victoria Jolly que nous avons plongé dans le quotidien de l’association Un abri qui sauve des vies. Engagée, passionnée, Victoria coordonne et communique avec cœur et détermination autour des actions de cette structure au service des personnes victimes de violences.
Créée il y a cinq ans, l’association s’est donnée pour mission de proposer une solution simple, humaine et urgente : héberger temporairement les victimes chez des particuliers volontaires, les "abritants". Un geste de solidarité devenu, pour beaucoup, un véritable sauvetage.
Quelles sont les missions de l’association ?
Née pendant le premier confinement, l’association a d’abord été un projet étudiant, imaginé par Charlyne, aujourd’hui encore à la tête de la structure. Le contexte de crise sanitaire a fait émerger des besoins criants car le confinement, censé protéger, a au contraire accru le danger pour de nombreuses personnes victimes de violences, contraintes de vivre enfermées avec leur agresseur. Inspirée par les initiatives visant à loger les soignants proches de leur lieu de travail, Charlyne a transposé ce modèle aux femmes victimes de violences.
La mission est claire : offrir un hébergement temporaire, sécurisé et solidaire, pour permettre aux victimes de quitter leur foyer violent. Une nécessité d’autant plus urgente que, comme le rappelle un rapport de 2021 de la Fondation des femmes, "40% des femmes qui souhaitent fuir un foyer violent n’ont aucune solution de relogement."
L’association s’organise autour de deux pôles bien définis :
- Le pôle “Relation abritant” : composé de bénévoles, il assure le lien et le suivi avec les abritants. C’est aussi le pôle qui est chargé de rechercher de nouveaux abritants pour rejoindre le maillage national.
- Le pôle “Aide aux victimes” : lui aussi composé de bénévoles, il accompagne les bénéficiaires sur la durée de leur séjour, vérifie que les démarches administratives sont bien engagées et reste en contact pendant l’hébergement.
Chaque situation est rigoureusement encadrée. L’équipe réalise plusieurs contrôles : entretiens, vérification des logements, suivi régulier. Une attention toute particulière est portée aux besoins spécifiques des victimes – certaines, par exemple, refusent de fuir sans leur animal de compagnie.
Et les résultats parlent d’eux-mêmes. Depuis sa création, l’association a permis :
- d’abriter 551 personnes, dont 405 femmes, 21 hommes, et 125 enfants ;
- de mobiliser 1036 abritants et 458 bénévoles ;
- de réaliser plus de 9000 nuitées solidaires ;
- avec une durée moyenne de 22 jours d’hébergement, souvent répartis sur plusieurs foyers.
Comment est composée l’équipe de l’association ?
Aujourd’hui, l’association repose sur une petite équipe salariée et un réseau grandissant de bénévoles. Les profils des abritants sont très variés : 60% sont des femmes seules, 30% des couples et 10% des hommes seuls, souvent jeunes ou de plus de 45 ans.
Le fonctionnement est souple mais rigoureux. Chaque pôle a ses missions et les liens entre bénévoles et salariés sont forts.
Vous souhaitez rejoindre le mouvement ? Il suffit de candidater via le site.

Avez-vous des partenariats, et des financements ?
L’association agit rarement seule. Elle collabore avec des associations et souhaite continuer à développer des partenariats dans les domaines juridique, social et médical.
Côté financement, 70% des ressources proviennent du secteur privé, principalement des fondations. 30% sont des financements publics (régions, départements). L’association propose aussi des offres aux entreprises, à l’image de La Poste, qui oriente certains de ses salariés victimes vers l’association.
"Les entreprises doivent se saisir de ces sujets : elles ont forcément été concernées un jour ou l’autre par les violences faites aux femmes", souligne Victoria.
Quel est le plus grand défi que vous rencontrez ?
Le plus grand défi ? Continuer à trouver de nouveaux abritants.
Notamment dans le Nord et en Île-de-France où la demande est très forte. "Nous avons l’habitude de voir le pire… mais aussi le meilleur", confie Victoria.
"Cette solidarité, on la voit, elle existe, et elle est puissante."
Côté structurel, les besoins sont constants : moyens humains, soutien financier, relais locaux…. Car malgré les avancées, l’hébergement d’urgence reste un point faible de l’Etat. "Être un maillon qui donne un peu de souplesse au système", voilà la place que veut occuper l’association.
Quels sont vos perspectives et projets futurs ?
L’ambition ne faiblit pas. À court terme, l’association prévoit d’ouvrir de nouvelles antennes régionales. Quatre sont déjà en place (Île-de-France, Hauts-de-France, Normandie, Pays de la Loire), une cinquième verra le jour en Bretagne le 22 mai, suivie par la Nouvelle-Aquitaine et l’Auvergne-Rhône-Alpes d’ici fin 2025.
D’ici 2030, l’objectif est de répondre à 10% des 40% de femmes qui ne trouvent pas de solution d’hébergement. Un défi immense, mais à portée de cette dynamique collective.
À votre façon, vous aussi vous pouvez aider :
- En devenant abritant ;
- En faisant un don ou proposer un mécénat d’entreprise ;
- En partageant l’initiative autour de vous.
Toutes les infos sont disponibles sur le site : unabriquisauvedesvies.fr, ainsi que sur LinkedIn et Instagram.
https://www.linkedin.com/company/un-abri-qui-sauve-des-vies/posts/?feedView=all
https://www.instagram.com/unabriquisauvedesvies/
Vous voulez connaître les débuts ?
Découvrez la première médiatisation de l’association, en 2020, portée par Charlyne qui à l’époque expliquait comment le projet est né et son impact direct.
Replay de l’émission “Ça commence aujourd’hui”.
Le confinement, censé protéger la population, a paradoxalement accentué la détresse des femmes victimes de violences, en les enfermant avec leur agresseur, souvent sans issue. Dans ce contexte, des initiatives comme Un abri qui sauve des vies sont apparues comme des bouées de sauvetage, apportant des solutions concrètes face à l’urgence.
Grâce à une permanence téléphonique ouverte 7 jours sur 7, de 8h à 23h, l’association reste accessible à tout moment. Pour assurer cette réactivité essentielle, elle s’appuie sur Planitel, notre outil de gestion de planning qui permet de coordonner efficacement les bénévoles et de ne jamais laisser un appel sans réponse.